La protection des eaux vis-à-vis des pesticides non agricoles

Pour clôturer ce feuilleton 2014 consacré à la protection des eaux vis-à-vis des pesticides non-agricoles, nous avons choisi de mettre en avant quelques initiatives déjà mises en place et qui nous montrent à tous que l'utilisation de ces produits est une habitude dont nous pouvons apprendre à nous passer.
Les communes montrent l'exemple en modifiant les techniques d'entretien des espaces publics. A nous d'en faire de même chez nous.
La parole est donnée aux acteurs concernés, découvrez leur propos.

La gestion différenciée dans la Ville d'Ottignies Louvain-La-Neuve

En vue d'atteindre l'objectif « Zéro phyto » en 2019, les communes wallonnes mettent peu à peu en œuvre une gestion différenciée des espaces publics. La Ville d'Ottignies Louvain-la-Neuve est l'une des premières à s'être lancée dans la gestion différenciée. panneau routier

Madame Cécile Lecharlier, échevine de la Ville de Ottignies-Louvain-la-Neuve témoigne des avancées réalisées.

«Il y a plus de 15 ans, la Ville s'est engagée dans le fauchage tardif. Ce fut le premier pas d'une mise en place d'une gestion plus respectueuse de l'environnement, différenciée, de nos espaces verts, sans perte de qualité. Depuis :

  1. les « zones vertes » ont été cataloguées en fonction des besoins de gestion : de plus ou moins intensif, nous sommes passés, selon les lieux, de 12 tontes par an à une gestion plus extensive à 3 fauchages par an ou ailleurs encore, si c'était pertinent, nous avons décidé de ne plus faucher qu'une seule fois. Cette stratégie du fauchage tardif n'a pas été réservée aux seules zones agricoles. Elle a également été mise en place en pleine ville, par exemple sur les pénétrantes de Louvain-la-Neuve.
  2. les floraisons et plantations plus « horticoles » - c'est-à-dire les plants cultivés pour la « décoration » ont été bannis ou réservés aux zones les plus minéralisées. Dans certains espaces, nous n'avons pas hésité à replanter des arbres indigènes.
  3. nous avons commencé à réduire l'utilisation de produits chimiques. C'est donc dans cette logique qu'en 2013 et 2014, nous avons testé le principe du « zéro phyto » dans deux quartiers assez différents de la ville, tout en réduisant fortement l'utilisation des produits phyto dans d'autres.


Notre expérience

  1. changer des pratiques n'est jamais évident : cela nécessite un investissement de TOUS en temps et main d'œuvre pour garder une ville « propre » et un investissement en persuasion en interne et aussi en externe... Il s'agit d'un profond changement de regard sur la gestion des espaces publics !
  2. le soutien du Collège pour acheter du matériel alternatif (assez couteux) et la bonne collaboration du personnel communal sont essentiels.
  3. l'implication des citoyens est nécessaire : pour qu'ils changent de pratique dans leur jardin mais aussi pour qu'ils repensent à leurs responsabilités en termes d'entretien de leurs haies en bordure du domaine public et des trottoirs !

En 2014, nous avons commandé la moitié de la quantité de produits utilisée il y a 5 ans, nous avons entamé une collaboration avec le Comité régional PHYTO et le Pôle de Gestion Différenciée, élargi le champ d'actions des méthodes alternatives, mis en œuvre des projets de réfection, d'amélioration d'aménagement... qui tiennent comptent des impératifs « zéro herbicides » et testé des méthodes alternatives non encore utilisées ce jour. »

Quartier en santé ... sans pesticides

Le quartier en santé est un projet porté par l'asbl Adalia en collaboration avec Natagora qui vise à inciter des communes et des habitants à cesser totalement l'utilisation de pesticides à l'intérieur de certains quartiers. En Wallonie, plus d'une vingtaine de communes ont déjà pris cet engagement avec chacune un ou plusieurs quartiers engagés.

quartier sans pesticides
Isabelle Bourge de l'asbl ADALIA partage avec nous son expérience et témoigne de l'engouement des communes et habitants impliqués dans la démarche :
« Le projet « Quartier en santé... sans pesticides » se veut un projet réellement participatif et local ! Il regroupe autour de la table les habitants, les communes et les associations.
Nous invitons les citoyens à s'exprimer sur leurs demandes et leurs besoins et les aidons à mettre en place des initiatives dans le cadre du projet « Quartier en santé » : formations pratiques au potager, visites de jardins nature, conférence sur les dangers des pesticides sur la santé, journée de l'abeille, explications sur le matériel et les produits alternatifs aux pesticides, balade nature, ... jusqu'à la réappropriation de l'espace public.

La commune sert d'exemple, notamment en n'utilisant plus d'herbicides sur les espaces publics, et soutient de manière pratique les habitants dans leur démarche vers un quartier sans pesticides. »

L’exemple du quartier de Sart-Messire-Guillaume, Court-Saint-Etienne

Court-St-Etienne a lancé en février 2012 le projet participatif « Quartier en santé… sans pesticides ».

Objectif : permettre aux citoyens d’apprendre à remplacer ces substances nocives par des méthodes plus respectueuses de la nature, de l’environnement et de la santé humaine.

Sur base volontaire, les résidents d’un quartier témoin de Sart-Messire-Guillaume se sont engagés à ne plus employer de produits phytopharmaceutiques chez eux afin de protéger la santé de leur entourage ainsi que les plantes de leur jardin. Ils ont également découvert des techniques alternatives et plus respectueuses de l’environnement pour lutter contre les mauvaises herbes.

Quartier en sante  affiche QSP low

Certains habitants sont également devenus des personnes de référence en matière de jardinage écologique, en fonction du temps qu’ils sont prêts à consacrer à l’initiative. Cet investissement va du petit conseil ponctuel à la visite guidée de son jardin.

Différentes formations, dont une sur le jardinage écologique, sont proposées à tous les participants. Ces derniers sont invités à signer une charte où ils s’engagent à abandonner progressivement l’usage des pesticides. 

L’administration de Court-Saint-Etienne compte bien suivre également cette voie en abandonnant l’usage de produits chimiques, tout d’abord dans le quartier délimité en guise de test, puis, progressivement, à l’échelle de toute la commune. Objectif: atteindre, à terme, le « zéro phyto » dans les espaces verts communaux et les voiries.

Le contrat-captage des puits de la drève de la Ramée à Gaillemarde (La Hulpe)

Depuis le début de cette année, un « contrat de captage » est progressivement mis en œuvre à Gaillemarde dans la Commune de La Hulpe.  Ce projet vise à protéger de la pollution par les produits phytopharmaceutiques les deux captages présents dans le quartier.

Cette année, une première réunion d’information et une visite des captages ont été organisées. L’année prochaine, le projet se poursuivra afin d’apporter aux habitants du quartier plus d’informations sur les bonnes pratiques à mettre en œuvre chez eux pour éviter toute contamination des ressources en eau.

Rappelons que Gaillemarde participe également au projet « Quartier en santé … sans pesticides » !

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Armelle Copus  -PhytEauWal asbl

081/62 71 72 – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

www.phyteauwal.be
 

Remerciements :

Armelle Copus remercie Mme Isabelle Bourge de l’asbl ADALIA (www.adalia.be), Mme Cécile Lecharlier et Mme Dorothée Hebrant de la Ville d’Ottignies-Louvain-La-Neuve ainsi que le service environnement de la Commune de Court-Saint-Etienne pour leur contribution à la rédaction de ce 4ème et dernier épisode du feuilleton 2014 de la lettre d’information du Contrat de rivière Dyle-Gette.