Vidange et sauvetage des poissons de l’étang de Louvain-la-Neuve

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Les multiples usagers et autres riverains du grand étang de Louvain-la-Neuve ont pu dernièrement assister à un spectacle assez insolite et qui a pu susciter de nombreuses questions. Retour sur l’opération de vidange mise en place par le propriétaire avec l’aide du Service de la pêche du Département de la Nature et des Forêts ...

Vidange ? 

(extrait de la brochure éponyme du CRDG)

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La vidange est un acte de gestion qui permet, en abaissant partiellement ou totalement le niveau d’eau d’un étang, de récupérer le poisson s’il y en a, d’entretenir les ouvrages et de limiter l’accumulation de sédiments dans l’étang. En effet, les fonds de tous les plans d’eau connaissent une accumulation de sédiments que l’on peut décider de limiter si l’on ne désire pas voir s’atterrir l’étang. L’accumulation importante de ces sédiments (éolien, ruissellement, matières végétales) provoque l’envasement de l’étang avec comme conséquences une diminution de l’oxygène disponible, une diminution de la profondeur, la libération de substances telles que phosphore, ammoniaque et nitrates ainsi que la prolifération d’algues.

La vidange régulière d’un étang suivie d’une période d’assec (mise hors eaux) plus ou moins longue permet la minéralisation des sédiments et limite ainsi leur accumulation trop importante. Cette étape permet également de limiter la prolifération d’espèces indésirables et d’assainir les vases en interrompant le cycle biologique de certains organismes pathogènes préjudiciables.

Le grand étang de Louvain-la-Neuve

Cet étang, réceptacle des eaux de ruissellement de l’agglomération mais aussi des eaux usées de quelques riverains mal raccordés, est de ce fait sujet à une dynamique d’envasement relativement élevée. Une opération de vidange, suivie d’une période d’assec prolongé pendant 6 mois est donc régulièrement mise en place ; or ici, cela n’avait plus été fait depuis l’année 2014 (vidange partielle) voire 2009 (vidange totale). Photo2

Même si ce n’était pas le but premier dans le cas présent, une vidange est toujours l’occasion d’avoir une image +/- complète de l’abondance des poissons et autres organismes vivants présents à un moment donné dans le plan d’eau. A Louvain-la-Neuve, le propriétaire a alors fait appel au Service de la pêche de la Région wallonne : les agents des triages piscicoles, rôdés à cet exercice, gèrent la récupération des poissons et, en échange, ils récupèrent les bestioles et les remettent à l’eau en divers cours d’eau, plans d’eau publics et autres canaux (hors les éventuelles espèces exotiques envahissantes bien sûr).

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Les résultats

Il aura fallu attendre une bonne grosse semaine entre le moment où les premières planches du moine de vidange ont été retirées et le moment où les conditions étaient les meilleures pour enfin envisager la récupération des poissons.
Au final, 12 espèces de poissons ont été sortis de l’étang pour une biomasse équivalente à quelques 4.500 kg, le tout en un peu plus d’une journée de travail. Voici les espèces qui étaient présentes :

• Gardons (majorité)
• Carassins
• Perches
• Ides mélanotes
• Rotengles
• Grémilles
• Bouvière
• Carpes
• Brèmes
• Anguilles
• Brochets
• Tanches

Photo espece Anguille Photo espece Anodonte Photo espece Brochet
Anguille Anodonte Brochet
Photo espece Tanches et petit brochet Photo espece Ide melanote Photo espece Carpe
Tanches et petit brochet. Ide mélanote Carpe

Tous ces poissons ont ensuite été remis à l’eau, soit localement dans la Dyle, soit dans la Meuse ou encore dans les anciens canaux de Bruxelles-Charleroi, de Pommeroeul et du Centre.

Si, fait rare à noter, aucune espèce exotique envahissante n’a été recensée parmi les poissons, Il n’en a malheureusement pas été de même pour les autres taxons retrouvés dans l’étang. Sachez donc, pour être complet, qu’une douzaine de tortues de Floride ainsi qu’une vingtaine d’écrevisses de Louisiane ont également été retirées du site. 

Photo espece Ecrevisse de Louisiane

Si les tortues proviennent vraisemblablement de remises à l’eau clandestines récentes, l’origine des écrevisses de Louisiane parait quant à elle antérieure à 2009, année où sa présence fût mise en évidence. La mise en assec prolongé de l’étang en 2009 ne semble en effet pas avoir suffi à éliminer cette espèce connue par ailleurs pour être très résistante aux perturbations et particulièrement dommageable pour les écosystèmes aquatiques. Des recensements seront organisés au printemps dans les autres étangs de la vallée de la Malaise et du Ri Angon afin de mieux évaluer la potentielle dispersion locale de l’espèce, en préambule à de possibles actions de lutte.

Crédits photographiques : Roger Recolet & CRDG