Depuis 2010, il en a coulé de l’eau sous les ponts …

Le Contrat de rivière Dyle-Gette et la réparation des ouvrages d’art dégradés

Dans le contexte des rivières, est appelée "ouvrage d’art", toute construction établie sur un cours d’eau, qui remplit ou qui a rempli une fonction pour le franchissement, la sécurité et la régulation des flux : pont, vanne, bief, moine, passerelle, gué, muret…
Quand ce type d’ouvrage se détériore, il devient une menace pour les rivières et ses riverains.

De l’importance de résoudre ces points noirs

Des ponts en mauvais état, des murets ou maçonneries qui s’effondrent dans le lit de la rivière, des passerelles rouillées… Nombreux sont les exemples de petits et grands ouvrages d’art détériorés qui longent les rivières du Brabant wallon.

Mal entretenues ou en mauvais état, ces constructions ne remplissent plus leur rôle (de franchissement, de maintien, de sécurité…). En outre, elles provoquent une insécurité pour les usagers mais aussi, elles constituent un obstacle à l'écoulement de l’eau, à la stabilisation des berges du cours d’eau et risquent ainsi de favoriser le débordement des eaux voire de créer des inondations.
D’où l’importance de bien prendre en compte leur gestion (dimensionnement, entretien, restauration).

Inventaire de terrain et méthodologie de résolution 

Le Contrat de rivière Dyle-Gette a recensé plus de 80 ouvrages d’art qui menacent les rivières du bassin versant !
L’objectif de cet inventaire est de réagir à ce manque d’entretien. C’est au(x) propriétaire(s) de l’ouvrage, bien sûr, qu’il incombe d’entretenir ou de réparer celui-ci. La réparation des ouvrages d’art dégradés figure dans le programme d’actions du Contrat de rivière Dyle-Gette.
Il s'agit d'abord de mettre à la disposition des gestionnaires de cours d’eau un listing des propriétaires des ouvrages d'art dégradés.

Il revient ensuite aux gestionnaires du cours d'eau d'envoyer des courriers personnalisés aux propriétaires riverains concernés.

Une 1ère campagne de ce type fut entamée en 2010, sur base d'un inventaire précédent.

Difficultés rencontrées

Les différents gestionnaires des cours d'eau (Région wallonne pour les 1ères catégories, la Province du Brabant wallon et de Liège pour les 2èmes catégories ainsi que les Communes pour les 3èmes catégories et les propriétaires riverains pour les non classés) sont confrontés à un manque d'informations sur l'identité des propriétaires d'ouvrages d'art établis sur les cours d'eau de leurs compétences respectives.
Outre l’incertitude quant à l’identité du propriétaire (qui n’est d'ailleurs pas obligatoirement à l’origine de la construction), d’autres types d’obstacles peuvent freiner l’application d’un suivi : l’appréciation du niveau de dégradation de l’ouvrage, les difficultés de repérage sur le terrain, un éventuel partage des responsabilités dans la dégradation du bien (riverains, communes, Province…).
Toutes ces informations sont impérativement nécessaires pour mener à bien les résultats de l’investigation. La copropriété, la mise à jour du cadastre ou encore un ouvrage établi sur deux parcelles distinctes constituent d'autres exemples de freins à une identification précise de la propriété.

Depuis mai 2012, les gestionnaires des cours d’eau ont entamé diverses démarches visant à l’envoi du courrier aux propriétaires privés riverains, mais aussi à la résolution de points noirs "publics" : programmation et budgétisation des travaux, jusqu’à la réalisation de ceux-ci en passant par l’entretien ou la stabilisation de l’ouvrage (parfois au vu de l’état de dégradation il est même demandé le démontage de l’ouvrage).

Outre la réalisation du fichier des propriétaires, le CRDG a également rédigé un feuillet de sensibilisation (fiche infractions environnementales) sur cette problématique, destiné aux maîtres d’ouvrages.

En guise d’illustration, voici en images 6 dossiers qui ont abouti

1. A Court-St-Etienne, un pont sur l’Orne fait place à la mobilité douce

Localisation : Court-Saint-Etienne à proximité du Moulin de Beaurieux
Type d’OAD : pont et murs fortement dégradés
Contexte : lors de son inventaire de terrain le CRDG a répertorié cet OAD comme dégradé. Comme dans la plupart des cas, le propriétaire n’intervient pas spontanément afin de le réparer. Le temps passant, les dégradations s’accentuent pour finalement devoir en venir à condamner l’ouvrage à l’utilisation et ce pour un manque de sécurité évident.
Nous sommes ici en présence de plusieurs intervenants : propriétaires riverains distincts, commune et gestionnaire du cours d'eau. Vous l’aurez compris : le nombre d’intervenants ne facilite nullement la concertation.
Suivi : Après de longues démarches administratives, ce pont a aujourd’hui fait place à la mobilité douce et a été remplacé par une passerelle piétonne.
Les murs ont quant à eux été re-maçonnés dans les règles de l’art.
Le tout en images

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2. Les piétons et les cyclistes enfin en sécurité sur la Dyle à Wavre

Localisation : Wavre, rondpoint de l’Europe face au Pizza Hut
Type d’OAD : pont vétuste et rambardes dégradées et sécurisées dans l’attente de l’avis d’un expert.
Contexte : suite à l'action du CRDG, la Ville de Wavre nous a contactés en février 2015 afin de collaborer sur le dossier de ce pont qui présentait de gros soucis de sécurité pour les divers usagers (piétons, cyclistes et véhicules). Au vu des frais que pouvait engendrer une telle réparation, la Ville souhaitait l’aide du CRDG afin de connaître l’identité dudit propriétaire.
Après de longues recherches (permis datant des années 80 ensuite de 1994 accordé pour l’accès au giratoire à un groupe d’actionnaires qui a subi depuis pas mal de refontes), … les démarches ont abouti. Une réunion a été organisée en juin 2015 avec tous les acteurs concernés : SPW (MET-DG01, SPW (DCENN), différents services de la Ville de Wavre, le propriétaire privé, le Gracq, et le CRDG.
Suivi : à ce jour, le pont a été sécurisé et réparé, tout en rentré dans l’ordre et les barrières Nadars ont fait place à de jolies rambardes toutes neuves.
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3. Un pont enjambant la Grande Gette à la ferme de La Ramée a retrouvé son lustre d'antan

Localisation : rue de l’Abbaye à Jodoigne, limite entre le couvent et la Ferme de La Ramée
Type d’OAD : ancien pont privé fortement dégradé
Contexte : ce pont faisait partie intégrante de l’inventaire de terrain du CRDG. L’année du patrimoine 2016 met un coup de projecteur sur des évènements en lien avec le patrimoine religieux et philosophique, c’est ainsi que l’abbaye de La Ramée (patrimoine exceptionnel de Wallonie) rarement accessible au grand public a ouvert ses portes récemment.
Grâce à sa passion, le propriétaire soutenu par la Région Wallonne a pu restaurer l’ensemble magnifiquement et accueille aujourd’hui des séminaires internationaux. C’est dans ce cadre que le propriétaire de l’abbaye a souhaité rénover le pont dégradé enjambant la Grande Gette passant dans son domaine.
Ce sont les ouvriers, en bons gestionnaires du domaine, qui ont réparé le pont à l’architecture identique. Les pierres ont été taillées et remplacées une à une, à la main, suivant les techniques ancestrales. L’ensemble des voûtes et du tablier du pont ont été restaurés en préservant ainsi la rivière de la chute éventuelle de pierres dans son lit.
Durant la durée des travaux la rivière a dû être déviée et asséchée afin de permettre d’intervenir.
Suivi : pont rénové à l’identique avec maintien du tablier et reconstitution des arcades et pierre de taille.
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Ramee


4. L’Unité scoute St-Nicolas : ses anciens murs bordant le ry du Pré des Saules font place à de nouvelles berges

Localisation : rue Ernest Deltenre à Sart-Dames-Avelines
Type d’OAD : murs fortement dégradés
Contexte : c’est en août 2014 que le propriétaire contacte le CRDG suite à la lecture d’un article au sujet de l’implication du CRDG dans la résolution des OAD.
Il souhaite obtenir des informations sur l’entretien des murs dégradés et la réfection des berges aux abords de locaux bordant la rivière, le ry du Pré des Saules. Les bâtiments mis à disposition de l’unité scoute St-Nicolas sont très vétustes. De plus ceux-ci sont construits en crête de berge et se prolongent jusque dans le cours d’eau en contre bas. Un souci de sécurité est avant tout bien présent pour les scouts locaux. La difficulté principale de ce dossier résulte de la diversité des intervenants : propriétaire (Association des Œuvres Paroissiales de la Région de Court-Saint-Etienne), l’Unité scoute St Nicolas de Sart-Dames-Avelines (locaux mis à la disposition par le biais d’une ASBL emphytéote (les amis de la 57ème), la Province du Brabant wallon (gestionnaire du cours d'eau), différents services de la Commune de Villers-la-Ville et le CRDG.
Suivi :
C’est à la fin du mois d’octobre 2015, près d’un an à peine après la première concertation, que s’est achevée la dernière phase des travaux visant à solutionner le problème d’ouvrage d’art dégradé à hauteur du terrain occupé par l’Unité scoute. Une réfection en profondeur de la berge (pose de gabion, élagage et re-talutage) a été entreprise de manière telle que l’accotement est désormais stabilisé et le bon écoulement des eaux assuré. Désormais les enfants peuvent s’amuser en toute sécurité grâce à la bonne collaboration de tous les intervenants, et ce à frais partagés.
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Avant 1

Avant 2


5. Le talus d’un parking privé stabilisé en bordure de la Nethen à Grez-Doiceau

Localisation : rue de Hamme-Mille à Nethen (Grez-Doiceau)
Type d’OAD : murs fortement dégradés et parapet accidenté
Contexte : lors d’une opération de nettoyage des déchets en juillet 2016 sur la Nethen, nous avons pu constater des murs fortement dégradés et pouvant entrainer à très brève échéance le glissement du talus. Le parapet accidenté du pont situé juste à proximité a également été repéré. C’est sans aucun doute dû à un manque d’entretien de ces anciens murs privés que ceux-ci se sont déstabilisés en risquant d’entraîner dans leur chute une partie importante du talus du parking de la propriété privée.
Suivi : un contact a été pris avec le riverain, la commune et le gestionnaire du cours d'eau (Province du Brabant wallon) en charge du suivi de ce dossier. Il s’avère que ce dossier était déjà bien connu des autorités mais l’ancien propriétaire ne souhaitait pas entreprendre de travaux. Depuis, le changement de propriétaire a permis de faciliter les échanges. C’est ainsi qu’à la mi-octobre, à peine 3 mois plus tard, les travaux ont été effectués, les murs trop vétustes ont été abattus et les berges maintenues par des enrochements.
Le parapet a été réparé par la commune de Grez-Doiceau mais il reste à sécuriser les abords pour les usagers de la voirie. Les démarches ont été effectuées à ce sujet.
Il va de soi qu’une participation financière a été demandée au riverain concerné pour les travaux effectués sur sa propriété. Ici aussi, un entretien plus régulier des murs aurait permis de les maintenir à moindre coûts.
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berge

Bien d’autres OAD ont été résolus comme :

A Ramillies :
- Patrick François, propriétaire riverain, a réparé à ses frais sa passerelle sur le Fagneton (Autre-Eglise)
- La commune a procédé à la réfection d’un pont communal sur le Frambais, rue du Piroy à Autre-Eglise et budgété les ponts communaux, ainsi qu’envoyer les rappels nécessaires des courriers aux propriétaires.
A Court-Saint-Etienne : rénovation d'une passerelle sur le Ry d’Hez, (chemin communal à Tangissart).
A Hélécine : rénovation d'un pont communal sur la Seype

Ces exemples ont déjà été présentés dans d'autres articles parus à ce sujet

Affaire à suivre :

L'état des murs en bordure de la Grande Gette à Jodoigne et sur la Dyle à Wavre (boulevard de l'Europe), demande de démontage d’un pont à Perwez et à Beauvechain, ….

Il coulera encore beaucoup d’eau sous les ponts